Titre : Le Lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux.
Date de parution : 9 janvier 2018.
Auteure : Hall Kelly Martha.
Editeur : Charleston.
Pages : 549.
et faire passer des messages. Mais la moindre erreur peut être fatale. Pour l’ambitieuse Herta Oberheuser, médecin allemand, la proposition que lui fait le gouvernement SS va lui permettre d’enfin montrer toutes
ses capacités. Mais une fois embauchée, elle va se retrouver sous la domination des hommes…
La vie de ses trois femmes va se retrouver liiée à jamais lorsque Kasia est envoyée à Ravensbrück, le tristement célèbre camp de concentration pour femmes. À travers les continents, de New York à Paris, de l’Allemagne à la
Pologne, Caroline et Kasia vont tout tenter pour que l’Histoire n’oublie jamais les atrocités commises.
C’est un récit qui fait voyager dans le monde mais aussi qui interroge ces tragiques évènements grâce à différents points de vue qui se complètent ou s’opposent. Dès le début de l’histoire, j’ai fait la connaissance de Caroline Ferriday, une américaine travaillant au consulat français, ce qui permet d’observer de l’extérieur l’Europe de la Seconde Guerre mondiale. Par ailleurs, j’ai eu beaucoup d’empathie pour Kasia Kuzmerick, une adolescente polonaise travaillant dans la résistance et bientôt dans le seul camp de concentration réservé aux femmes, Ravensbrück. Son point de vue permet de voir l’horreur de l’intérieur, et même de la subir puisqu’il faut savoir que des expériences médicales ont eu lieu sur des prisonnières dans ce camp. C’est pourquoi nous avons un troisième point de vue, celui d’une médecin nazie, Herta Oberheuser.
De fait, il n’a pas été évident pour moi d’entrer dans les chapitres qui sont consacrés à ce dernier personnage car on a l’impression d’être dans le « mauvais » camp, celui de l’ennemi qui applique les principes d’Hitler, mais Herta voit-elle les choses de la même façon ? Au début, j’ai apprécié cette femme qui veut tout simplement réussir une carrière dans laquelle peu de femmes aboutissent. Il y a bien un moment donné où elle connait la désillusion car on lui demande non pas de décider de donner la vie à quelqu’un ou de la lui rendre meilleure, mais de lui donner la mort. Si l’on peut espérer qu’elle réagisse, ce n’est pas le cas puisqu’elle est la seule femme qui sera présentée dans le box des accusés lors du procès de Nuremberg. C’est donc une histoire qui interroge : a-t-on vraiment une raison pour entrer dans l’horreur ?
Mais Herta est loin d’être le personnage le plus mis en avant, puisque l’auteur de ce roman a trouvé son inspiration en visitant la maison de Caroline Ferriday qui a beaucoup consacré sa vie aux autres et en a presque oublié la sienne : « Se consacrer aux malheurs des autres est la meilleure façon d’oublier ses propres ennuis. » C’est un personnage très touchant qui connaît une histoire sentimentale compliquée. Elle se sent concernée par les événements de la Seconde Guerre Mondiale non seulement parce qu’elle envoie des colis aux orphelinats français, mais aussi parce que l’auteure a pris la liberté d’inclure une romance avec un homme marié qui repart en France durant la guerre.
Ainsi, l’histoire est riche et complexe grâce à ses nombreux personnages qui ont tous des aspirations et des problèmes différents, liés à l’amour, au sacrifice, à la liberté ou encore à l’ambition. En plus de permettre de réajuster quelques connaissances culturelles et historiques, ce roman pousse à la réflexion. Chacune de ces trois femmes a la capacité de changer l’histoire du roman à un moment donné, mais aussi l’Histoire que nous connaissons aujourd’hui.
En effet, plusieurs fois au fil des pages, je me suis demandée : qu’aurais-je fait à sa place ? Je me suis sentie réellement impliquée dans leur histoire, et c’était encore le cas une fois que j’avais refermé ce roman puisque je suis allée lire les biographies des personnages ayant inspiré cette histoire. D’ailleurs, les notes de l’auteure à la fin du roman permettent de mieux comprendre le titre, que je trouve sublime. C’est une phrase qui peut vouloir dire beaucoup par rapport aux obstacles et aux tragédies que l’on rencontre tout au long d’une vie.
Phebusa
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