Date de parution : octobre 2013.
Auteure : Danielle Digne.
Editeur : Editions Le Passage.
Pages : 253 pages.
Au début de la seconde moitié du XVIIIe siècle, la bataille de l’Encyclopédie fait rage : cette magnifique entreprise placée sous le signe des Lumières et de la liberté de penser voit se dresser contre elle la censure du pouvoir et la colère des dévots. C’est dans ce contexte tourmenté que Félicité, une jeune paysanne née sur le plateau de Langres, est envoyée à Paris pour devenir la copiste de Denis Diderot. Elle a appris à lire et à écrire, fait exceptionnel à l’époque pour une enfant de sa condition, et assistera le philosophe dans ses diverses tâches littéraires et sa correspondance. Malgré leur différence d’âge et d’érudition, une forte complicité se noue rapidement entre eux. Fascinée par le génie du grand homme, son inépuisable générosité et son goût des plaisirs, la jeune fille se passionne pour les combats de l’Encyclopédie tandis que Diderot ne reste pas longtemps insensible à la fraîcheur et au regard candide que cette petite paysanne porte sur une société parisienne alors en pleine effervescence. Dans les salons littéraires, elle va croiser nombre de figures de la « société des gens de lettres » : le baron d’Holbach, madame d’Épinay ou encore d’Alembert. On y parle de Montesquieu, de Rousseau, de Voltaire… Mais dans un siècle où souffle le vent des idées, les amitiés sont fragiles, et alors que Félicité progresse à grandes enjambées sur la route du savoir, l’irruption de l’abbé Ferdinando Galiani, un libertin napolitain, risque fort de troubler l’intimité de la petite copiste et de son maître.
Je remercie Babelio et les éditions Le Passage pour ce bon moment de lecture ! 🙂
C’est un des premiers romans historiques que je lis et je suis contente de ce que j’y ai trouvé. Ce n’est pas une histoire remplie de rebondissements et de suspense, c’est l’histoire d’une vie, celle de la copiste de Diderot.
L’histoire se concentre autour du projet suivant : l’écriture de l’Encyclopédie, accompagnée de quelques correspondances entre les hommes de lettres de l’époque. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’être un littéraire dans l’âme pour saisir les concepts des Lumières et l’histoire littéraire de cette époque. La plupart des notions abordées sont d’ailleurs définies par Diderot qui les explique à Félicité, sa copiste. C’est donc un bel ouvrage pour se plonger dans l’univers des Lumières avec une grande simplicité. Les explications qui méritent d’être faites se contentent du minimum, dans le sens où elles ne s’embarquent pas dans des définitions complexes qui prendraient deux pages.
Une relation affectueuse entre Diderot et sa copiste prend place au fil du roman, de sorte que Diderot se montre jaloux lorsqu’un des autres personnages suggère d’emmener Félicité avec lui pour un long voyage. Il se considère comme son maître qui lui a tout appris, mais le second personnage ne manque pas de lui faire remarquer qu’elle ne peut pas rester dans l’ombre de Diderot éternellement. C’est donc l’histoire d’un apprentissage et d’une évolution de la femme, ici celle de la copiste Félicité.
En effet, j’ai apprécié cette réflexion sur la place de la femme dans la société. Au début, l’héroïne est une paysanne, puis elle devient copiste. Peut-on même y voir une future femme de lettres, arpentant les salons de conversation ? Comme le rappellent les personnages, l’art de la plume n’est pas réservé qu’aux hommes…
Les pensées de Félicité sont retranscrites dans un style simple et fluide (tous les chapitres font à peine cinq pages). Elle s’interroge et pose des questions, parfois sans y donner de réponse immédiate. On entre ainsi dans la tête d’une personne à la fois douce et naïve, qui ne demande qu’à apprendre.
Phebusa
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