Auteur : Vincent Villeminot.
Editeur : Nathan.
Date de parution : Septembre 2013.
Pages : 417 pages.
Quatrième de couverture :
Sur les réseaux, tout le monde pense connaître tout le monde. Tout le monde aime, surveille, espionne tout le monde. Mais désormais, une guerre est déclenchée, sur le web et dans le monde réel. Et Sixies, 15 ans, est l’enjeu, le butin, le gibier de tous les combattants…
Je remercie les éditions Nathan pour cette belle découverte en avant-première. Réseau(x) m’a permis de m’initier au genre du thriller que je ne côtoie pas beaucoup. Mais même si je ne peux pas faire de comparaison avec d’autres romans, j’ai l’impression que ce livre a quelque chose de particulier en son genre. En effet, ce n’était pas du tout l’idée que je m’étais faite d’un thriller ! Le livre de Vincent Villeminot possède une richesse étonnante ! Sa singularité en fait sans aucun doute un tome inclassable.
Dès le début, on entre dans un monde où il est question de troubles du sommeil, et surtout, de prémonitions nocturnes. Un sujet palpitant donc, accompagné de belles descriptions qui font se dessiner un tableau sous les yeux du lecteur. Cependant, l’écriture n’est pas si fluide qu’on pourrait l’attendre au premier abord. En effet, des termes techniques, liés principalement aux réseaux sociaux, et des termes anglais (ou citations) s’entremêlent dans le texte. Cela pourrait conduire à l’abandon de certains lecteurs, mais je vous conseille vivement de vous accrocher car, une fois dépassé le stade de la centaine de pages, vous ne pourrez plus vous déconnecter de ce livre !
J’ai adoré l’invention de l’auteur : le DreamKatcherBook (DKB), un réseau social qui fonctionne sur le même principe que celui de Facebook. Il a cependant la particularité d’avoir une partie « Jour » et une partie « Nuit », sur laquelle les gens publient leurs rêves et leurs cauchemars en anonyme et en temps réel, mais ne se rendent pas toujours compte que leur vie est étalée sous les yeux de personnes malveillantes… C’est un thème intéressant puisqu’il renvoie à l’actualité, particulièrement à la critique de l’enfer numérique et de la perte de la notion d’intimité. En effet, au fil des pages, on sent que l’auteur a jeté un filet sur ses personnages qui se retrouvent piégés, et cela à cause des réseaux sociaux. On renouvelle ici le mythe de Big Brother, qui fait pâle figure à côté du système Internet, une réalité qui nous concerne tous. Au fond, nous représentons ces personnages qui ne se connaissent pas mais qui sont étroitement liés, car ils se cachent derrière des pseudonymes et des avatars.
L’héroïne, Sixie, est une jeune fille précoce et intelligente (déjà en Terminale à 15 ans) qui fait des rêves – ou disons des cauchemars – prémonitoires. Des personnes mal intentionnées vont « manipuler » ses rêves pour l’inculper de meurtres. C’est là que se pose la question suivante : quelles sont les frontières entre le réel et le virtuel ? En ce sens, l’histoire va déboucher sur une guerre entre les policiers et les anarchistes, et cela par le biais d’un jeu virtuel, plus précisément les PIFR (Play It For Real) qui donnent lieu à la reproduction de scènes connues de jeux vidéo dans une ville réelle. Le monde réel devient donc une arène. A ce propos, vous apprécierez l’un des personnages impliqués dans ce jeu, Nada#1, qui choque tout en faisant sourire et réfléchir. C’est un des personnages les plus complets et les plus intéressants à mon goût.
Cependant, Sixie n’apparaît pas tout de suite comme étant l’héroïne car Réseau(x) propose une fresque morcelée de divers personnages. Cet aspect de décomposition, caractérisé par plusieurs petits chapitres qui alternent d’un personnage à l’autre et qui sont découpés par exemple en partie « nuits » (avec MyDarkPlaces, dit MDP, lieu où l’on poste ses cauchemars), conduit au trouble et à l’égarement du lecteur. Mais tous ces fils se tissent entre eux pour finalement former un réseau, voire des réseaux comme le suggèrent le jeu entre singulier et pluriel dans le titre, et ce, grâce au travail minutieux de Vincent Villeminot qui démontre un certain art de l’écriture. Je suis très impatiente de découvrir ses autres ouvrages pour m’immerger dans cette écriture si spéciale et si surprenante.
Phebusa
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