Phebusa

Je suis une Sims, affiliée à Serpentard, et je partage mes chroniques littéraires par ici.
Entre deux biberons et des corrections de copies, je vous embarque dans mon univers littéraire, avec un petit faible pour tout ce qui est SFFF !

Chapitre 3 : Vers de nouveaux horizons

Chapitre 3

***

Je ne suis jamais allée aussi loin de chez moi et je suis terrifiée à l’idée de ne jamais revoir mes proches. Dois-je attendre patiemment que l’on vienne me chercher, telle une princesse enfermée dans sa tour d’ivoire ?La maison me semble être un bon refuge mais j’ai peur de cet homme qui ne répond pas à mes interrogations et veille à ce que je ne quitte pas l’auberge – ou disons plutôt la prison.

C’est donc décidé. Je m’en vais… vers l’inconnu. Bien que je sois déterminée à fuir, je me sens si déboussolée. En plus, le paysage est différent de celui que j’ai pu observer jusque-là : des cours d’eau brassent l’écume de la mer vers le rivage opposé. Mais j’ai une idée : comme je ne sais pas bien nager, je n’ai qu’à me laisser porter par la nature. Alors, je mets un premier pied dans l’eau glaciale et grince des dents. C’est comme si tout était prévu pour que je n’aie aucune chance de m’échapper. Dominant mes sensations, j’endosse alors le rôle de la fille courageuse et aventurière. Enfin, peut-être pas totalement.

Immergée dans l’eau, qui m’entoure d’une émulsion mousseuse et opaque, j’ai l’impression de faire une longue chute. J’ai à peine le temps de réaliser que je m’éloigne de la côte. Ce n’est pas ce que j’avais prévu ! Je me débats en vain. J’essaie de nager mais mes mouvements ne sont pas assez amples et forts. L’espoir semble m’abandonner. Et une minute après, je me noie et suis sur le point de mourir. Je m’attends alors à voir ma vie défiler : des images de mon père décédé, de ma mère inconsolable, des chevaux de l’écurie des Martin et de la forêt que je chéris tant. De ma vie à Ombrepierres, tout simplement. Mais il n’en est rien car une voix brise soudain mon sommeil tourmenté.

***

— Un mauvais rêve ?, interrogea Hildebald.

Kelly se leva d’un bond, en inspirant avec force comme si elle avait retenu son souffle durant son sommeil. Sa respiration était saccadée et ses cheveux emmêlés collaient dans son cou en sueur, leurs pointes humides chatouillant la chute de ses reins.

— Un cauchemar, oui, répondit-elle.

Mais elle ne semblait pas plus soulagée de s’être réveillée. En effet, elle était toujours au même endroit que la veille.

Hildebald, vêtu d’une tenue dorée et d’une cape pourpre, se tenait face à elle. L’odeur de mer salée et d’algues qu’il dégageait laissait penser qu’il venait de se laver. Elle préférait de loin la senteur de son gel douche au monoï, mais elle devrait bien se contenter de ce qu’elle trouverait ici. Alors que le vieillard se plaçait devant un bureau, situé au fond de la pièce et sur lequel trônaient des feuilles vierges et une plume, Kelly se leva et chercha la salle de bains, ou du moins une pièce qui pourrait y ressembler.

La salle de bains était proche de la pièce consacrée à la bibliothèque qu’elle avait vue la veille. Au milieu de la pièce trônait une énorme pierre beige sculptée de sorte à former un creux. Une fois la portée fermée et ses vêtements retirés, Kelly se plaça dans le creux de la pierre et tira sur l’une des deux cordes qui pendaient de chaque côté de la « baignoire ». Malgré ses efforts, rien ne se passa. Elle saisit alors l’autre corde et tira dessus énergiquement. L’eau tomba en abondance sur ses cheveux et coula sur ses épaules. Il semblait qu’une planche, déplaçable à l’aide d’une des cordes, retenait l’eau qui se faufilait alors par de petits trous dessinés dans le plafond. Frigorifiée, Kelly comprit que la douche froide était de rigueur. Elle retira même des filaments d’algues qui avaient réussi à s’infiltrer et qui s’accrochaient à ses cheveux. C’était loin du confort d’Ombrepierres où sa mère insistait toujours pour lui préparer un bon bain chaud lorsqu’elle revenait des cours, mais cela avait au moins eu l’avantage de la réveiller.

Après s’être séchée et habillée – avec les mêmes vêtements que la veille – elle revint dans la salle où Hildebald se tenait près d’un tonneau de bière.

— Nous allons recevoir des invités dans quelques minutes. Tu sais, les Chasseurs et le Commandant Liam dont je t’ai parlé hier.

Voilà, on attaquait enfin le vif du sujet. Kelly pourrait enfin connaître la raison de sa présence ici puisque c’étaient ces hommes qui l’avaient récupérée. Cependant, leur arrivée l’inquiétait quelque peu car il n’était pas dit qu’ils seraient aussi conciliants qu’Hildebald. Elle s’y était accoutumée malgré le fait qu’elle le trouvait bien trop silencieux. Selon elle, il en savait bien plus qu’il ne voulait le dire.

À peine deux minutes s’étaient écoulées lorsque quelqu’un, suivi de plusieurs autres personnes, emprunta l’échelle qui menait au salon. Dès qu’elle le vit descendre, Kelly découvrit un homme de grande carrure, entièrement recouvert d’une armure de platine. Ce dernier élément la surprit mais lui permit de reconnaître sans aucun doute le chef de cette petite troupe. Alors qu’il lui restait encore quelques échelons à descendre, il bondit avec aisance sur le sol en pierre du salon. Ses nombreux équipements ne semblaient rien lui enlever de sa souplesse.

Hildebald et les nouveaux arrivants se saluèrent par une rapide inclination de tête. Puis, l’hôte les invita à prendre place autour de la table ; certains restant debout à cause du manque de places assises. Kelly attendit d’être invitée à s’asseoir dans la chaise vacante qu’ils lui avaient laissée. Elle ressentait une certaine tension au sein de la pièce. Quelle jeune fille entourée d’une horde d’hommes inconnus ne se sentirait pas mal à l’aise ? Surtout qu’aucun des Chasseurs n’ayant enlevé son casque, qui pouvait lui certifier qu’ils étaient humains ?

Le vieillard servit plusieurs bières à pression tandis que certains soldats chuchotaient entre eux. Seul le Commandant des Chasseurs, étincelant dans son armure rutilante, restait silencieux, quelque peu en retrait. Kelly – qui n’avait pas osé lever la tête jusqu’alors – remarqua qu’il la fixait, même si elle apercevait difficilement ses yeux à travers son heaume.

Hildebald donna une bière à Kelly aussi même si celle-ci n’y tenait pas spécialement car elle ne buvait jamais d’alcool. La voix de Liam fit sursauter Kelly et interrompit les bavardages des autres Chasseurs :

— Alors, qui est-elle ? demanda-t-il d’une voix grave.

La jeune fille avait l’impression d’être une bête de foire. On la regardait comme si elle était différente et mystérieuse, alors que de son point de vue, c’était l’inverse. Elle ne connaissait rien d’eux, ni de leur île. Elle considérait les informations données par Hildebald comme insuffisantes. Après tout, qui lui disait que c’était bien la « bonne » île ? Chaque être pense agir comme il le faut car il a sa propre idée du Bien même. Il suit une ligne qu’il estime juste jusqu’à que celle-ci croise quelqu’un qui la prenait en sens inverse : à cet endroit précis, c’est la confrontation du Bien et du Mal. Mais qui se trouve du bon côté ? Seul Dieu le sait.

— Vous n’avez rien à en craindre. C’est plutôt elle qui a du souci à se faire. Protégez-la car, seul, je n’en suis pas capable, déclara Hildebald.

— Très bien. Tu vas venir avec nous, rétorqua fermement Liam.

Il avala d’une gorgée le restant de sa bière et reposa le contenant d’un poing ferme avant de se lever. Kelly n’avait même pas touché à sa coupe et Hildebald l’avait remarqué puisqu’il fixait cette dernière. Elle était gênée de paraître impolie mais elle n’eut pas le temps de se rattraper car les Chasseurs étaient déjà en train de se diriger vers l’échelle.

— En avant ! On ne perd pas de temps, déclara Liam en la regardant.

Lançant un dernier regard à Hildebald, Kelly remarqua que celui-ci lui destinait un sourire qui se voulait sans doute rassurant. Et même si elle n’avait pas totalement confiance en ces Chasseurs, elle n’avait pas le choix. La jeune fille se dit qu’elle aurait peut-être plus de chance de s’échapper une fois en dehors de ce rocher. Elle verrait bien où cela la mènerait ensuite. Elle essayait de se conforter dans l’idée qu’elle arriverait à retrouver Ombrepierres, même si cette image était aussi fragile qu’une bulle de savon prête à éclater au moindre obstacle rencontré.

Hildebald les accompagna, de l’encens à la main. Kelly pensa qu’en fin de compte, ce pauvre vieillard ne tenait pas bien l’alcool pour oublier que l’encens est utilisé pour assainir l’air intérieur, et non extérieur. Puis, de toute façon, l’odeur boisée n’aurait pas recouvert l’exhalaison des algues qui les entouraient.

Les Chasseurs étaient venus en barque pour traverser la rive. Comme il n’y avait pas assez de place pour que tout le monde puisse s’asseoir, certains se tinrent debout. Le vieillard leur fit signe puis retourna à l’intérieur de son monolithe.

Assise dans la barque, Kelly contempla le ciel bleu clair où volaient quelques oiseaux. Toutefois, ce paysage paisible ne parvint pas à la distraire. Elle songeait à la tournure qu’avait prise sa vie. Un autre monde, de nouvelles personnes, tous ces éléments avaient bouleversé ses repères. Et elle n’avait pas le temps de remettre ses pensées en ordre, elle devait continuer cette traversée vers l’inconnu.

Alors que le bas-fond se dessinait au loin, la jeune fille remarqua qu’un des petits rochers bordant l’eau scintillait plus que les autres. Elle pensa que cela était dû à la réfraction de quelques rayons de soleil. Ce bloc de pierre étincelant lui donnait le courage de s’accrocher encore un peu. Elle avait besoin d’un peu de lumière, et ce besoin se fit plus fort lorsqu’elle vit le lieu vers lequel les soldats se dirigeaient une fois débarqués : une forêt sombre entièrement recouverte par des arbres grisonnants aux bras crochus.

La suite est réservée à mes bêta-lecteurs/lectrices !

Phebusa


Une réponse à “Chapitre 3 : Vers de nouveaux horizons”

  1. Avatar de Elodie Rossi
    Elodie Rossi

    comme je suis contente d'avoir la suite 😉

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